Interview de Benjamin Garavel, pilote Jet Privé 10/03/2022
Aujourd’hui sur le blog, nous recevons Benjamin Garavel, pilote de jets privés. Du rêve d’enfant à la concrétisation d’un projet, formation, quotidien de la vie de pilote, anecdotes inédites…
L’occasion de découvrir les dessous d’une profession passionnante et méconnue du grand public !
Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Benjamin GARAVEL, j’ai 31 ans, je suis un heureux marié et papa de deux jeunes enfants. Je suis pilote de ligne depuis quatre ans et travaille pour une compagnie spécialisée dans l’aviation d’affaires.
Devenir pilote était-il un rêve d’enfant ?
Alors oui depuis tout petit j’adore les avions. Étant natif de Chambéry, je voulais tout le temps aller voir les avions sur l’aéroport de Chambéry-Savoie et l’aérodrome de Challes-les-Eaux dont le circuit des avions se trouve juste au-dessus de la maison de mes parents. J’ai toujours été fasciné par les avions et je me suis toujours dit que je serai pilote un jour !
Quelle formation avez-vous suivi pour concrétiser votre projet ?
J’ai d’abord commencé une formation de pilote de planeur, puis je me suis inscrit à l’aéroclub “Les Amis du CLAP 73”, à Challes-les-Eaux pour y effectuer mon PPL (la licence de pilote privé). Après l’avoir obtenue, j’ai monté mes heures de vol puis je suis parti en Grèce, à Athènes, pour aller dans une école de pilote pro et passer ma licence de pilote professionnel (CPL) ainsi que les qualifications nécessaires pour entrer en compagnie derrière (IR, ME, MCC…).
Quel a été votre parcours professionnel ?
Et bien après avoir terminé ma formation de pilote pro, il faut savoir que j’avais 27 ans car j’ai été sportif de haut niveau en gymnastique aérobic et j’ai été membre de l’équipe de France jusqu’à mes 25 ans, donc je n’ai pas trop eu le temps de me consacrer à ma formation de pilote pro jusque là.
J’ai donc postulé dès la fin de ma formation pro dans plusieurs compagnies, aussi bien régulières que d’affaires, avec en ligne de mire bien sûr la Pan Européenne Air Service puisqu’elle se trouve à environ 10 min de chez moi seulement, donc idéalement bien située. Et par chance, j’ai été embauché chez eux quelques semaines plus tard, pour être pilote sur Phenom 100 et Phenom 300. Depuis je travaille toujours pour cette compagnie, et je suis passé de copilote à commandant de bord maintenant.
Si vous deviez citer 3 raisons qui rendent votre métier de pilote de jets privés unique ?
La diversification des vols et des missions avec notamment des atterrissages et décollages sur tout type d’aéroport : aussi bien Paris CDG que Amiens ou Lugano par exemple.
Le contact direct avec les clients avant, pendant et après le vol.
La performance de la machine, de l’avion qu’est le Phenom 300, avec son altitude de croisière à presque 14000m (45000 ft), et son cockpit ultra moderne avec ses écrans tactiles etc.
Quelle est la journée type d’un pilote de jets privés ?
Il n’y en a pas tout simplement car chaque jour est différent.
Il y a des jours où notre premier vol débute à 4h du matin, d’autres jours où ce sera 18h ! Des jours où nous finirons la journée à 10h du matin, d’autres où ce sera 02h du matin. Des semaines avec parfois 3 jours de vol, d’autres où ce sera 7 jours de vols enchaînés. Des jours où nous partons et rentrons le jour même chez nous, d’autres où on part pour 5 jours sans rentrer.
Sinon un peu plus dans le détail, dans tous les cas, je dépose les plans de vol, prépare les dossiers de vol avec la météo, les notams, calcule le devis de masse et centrage, les performances du jour etc pour prendre la décision du fuel que l’on va emporter. Je me rends à l’avion maximum 45 minutes avant le départ. Ensuite j’accueille les clients, nous allons à l’avion ensemble, nous effectuons le vol, puis à l’arrivée je les accompagne jusqu’à la sortie ou leur prise en charge par le handling.
Généralement nous avons plusieurs vols dans une journée, donc après cela soit j’enchaine avec une nouvelle mission, soit nous avons terminé et nous pouvons rentrer à notre base à Chambéry, où alors nous restons sur place pour faire une autre mission le lendemain par exemple.
En tout cas c’est vraiment très variable et compliqué d’expliquer une journée type dans ce métier ^^.
Quelles sont, selon vous, les valeurs ajoutées des prestations proposées par MK Partnair ?
Alors en tant que pilote il est difficile de parler de ce sujet, ce que je peux dire en tout cas c’est que MK Partnair ajoute des petites attentions particulières pour rendre le vol encore plus agréable pour les clients.
Vous pilotez les modèles Phenom 100 et Phenom 300 ; pourriez-vous nous dire ce que vous appréciez le plus dans ces avions ?
Effectivement, ce sont deux avions de la même famille mais en matière de performance ils sont très différents.
Le Phenom 100 est très bien pour des petites missions avec peu de clients.
Le Phenom 300 lui, est ultra performant, et a un spectre de mission beaucoup plus large.
J’adore la mise en opération très rapide de ces avions, une fois le client à bord on peut être en l’air en 5 min en fonction du temps de roulage. J’adore la simplicité de leur utilisation qui nous enlève beaucoup de charge de travail et qui nous permet d’effectuer plusieurs vols dans une journée tout en étant toujours opérationnel au maximum.
Bien sûr, j’adore les performances du Phenom 300, et le cockpit G3000 du Phenom 300E avec ses écrans tactiles.
Quels types de vols effectuez-vous ?
Encore une fois, c’est très variable, on peut faire une mise en place d’un vol d’une durée de moins de 10min (Annecy – Chambéry par exemple) à des vols de plus de 4h comme un Athènes – Londres ou bien un Lyon – Le Caire par exemple.
Nous faisons donc des vols dans toute l’Europe et une partie de l’Afrique.
Pour quels types de clients êtes-vous le plus souvent sollicité : corporate, familles, VIP, délégation officielle ?
A mes débuts c’étaient surtout des hommes d’affaires. Depuis la Covid, j’ai remarqué que de plus en plus de familles affrètent des avions privés pour partir en vacances. De temps en temps nous avons des athlètes, DJ, chanteurs, acteurs etc…
Dans quelle(s) mesure(s) la pandémie mondiale a-t-elle impacté votre quotidien en tant que pilote ?
Et bien au tout premier confinement de mars 2020, nous avons été très impactés car pendant 2 mois nous avons très peu volé, voire pas volé du tout.
Après cela par contre, étant donné que beaucoup de lignes régulières avaient été supprimées, nous avons eu beaucoup plus de clients dans l’aviation privée et par conséquent nous avons bien augmenté nos heures de vol par rapport aux années précédentes.
Quel est l’aéroport où vous adorez aller, et pourquoi ?
Difficile comme question car tout dépend de la période de l’année et de la météo du jour. Personnellement, je me trouve très chanceux d’être basé à Chambéry car c’est vraiment une approche magnifique au milieu des montagnes et au-dessus du plus grand lac naturel de France qu’est le lac du Bourget.
Donc je dirais Chambéry (mais sans être chauvin ^^).
Quel est celui dont vous diriez qu’il est le plus challengeant en termes techniques : approche, atterrissage, difficulté d’atterrissage sur une piste en particulier ?
Le plus challengeant je dirais Lugano, car c’est une approche forte pente, et avec une remise de gaz particulière avec du relief partout autour et une piste pas très longue et étroite.
Racontez-nous votre premier vol commercial 🙂
C’était un Figari – Zurich avec deux passagers, en Phenom 100. J’étais PF (pilot flying) sur cette étape donc c’est moi qui pilotait. Le moment le plus stressant était lorsque j’attendais dans l’avion le message de mon Captain qui attendait les clients au handling, pour me dire de commencer la mise en route car les clients venaient d’arriver. Je ne voulais rien oublier, j’avais du stress de savoir que des clients allaient monter à bord. J’ai même dû faire répéter deux ou trois fois la clairance de départ pour être sûr de ne pas me tromper. Puis une fois à bord finalement tout s’est déroulé parfaitement tout en réalisant que ça y est, je suis en train de transporter mes tous premiers clients/passagers commerciaux.
Une anecdote, un événement marquant que vous souhaitez nous partager ?
Je ne sais pas si vous avez vu à la télé en 2019 un individu qui avait été arrêté sur l’aéroport de Lyon St-Exupéry avec sa voiture après une folle course poursuite avec les forces de l’odre ?
Et bien juste avant de se rendre et se faire arrêter à St-Ex, ce même forcené avait été sur l’aéroport de Lyon Bron. J’étais seul en train de faire le tour de l’avion quand il est arrivé à côté de moi avec sa voiture et m’a demandé de l’emmener au Maroc. J’ai été très surpris et ne me rendais pas tellement compte à ce moment-là de ce qu’il se passait. Après une bonne minute d’échanges ou j’ai montré avec fermeté comme quoi je n’allais pas l’emmener au Maroc, il a pris la fuite avec sa voiture et s’est rendu à St-Ex où il s’est fait arrêter.
J’ai réalisé dans l’après-midi en regardant les chaînes d’infos que cela aurait pu très mal se terminer lorsqu’il est venu me voir, et je me suis posé pleins de questions si jamais il avait une arme ou quelque chose de ce type et qu’il aurait pu me forcer, ou m’attaquer même…
Enfin bref voilà une anecdote bien particulière, et qui m’arrivera sûrement plus dans ma carrière de pilote, et surtout qui n’a pas dû arriver à beaucoup de pilotes 🙂
Un grand merci à Benjamin d’avoir pris le temps de répondre à nos questions !
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